( A.S.: D. des Filles ) Dépression

Së'ril entra dans le dortoir. Elle était seule.
Seule.
Seule, toujours seule, évidemment. Seule !
Mais pourquoi ?

Soudain, sans prévenir, elle s'effondra en sanglots sur le lit. Cela faisait longtemps déjà qu'elle rêvait de ce moment, qu'elle désirait être enfin tranquille pour pleurer, pleurer tout son saoûl, pleurer toute sa peine jusqu'à se déssécher maintenant qu'elle n'attendait plus rien de la vie.

Après tout, pourquoi était-elle là ? Qu'avait-elle à faire dans cette école, qu'avait-elle à faire de sa vie puisque celui qu'elle aimait ne reviendrait plus ? Il était parti... Il l'avait laissé ! Elle avait cru qu'il l'aimait, elle avait cru, elle avait fait confiance, elle avait pensé avoir trouvé Celui qu'elle attendait, et il s'en était allé... loin d'ici... il ne voulait pas d'elle ; il l'avait trompé.

Ses pleurs redoublèrent. Seule ! Seule !

Aveuglée par les larmes, lentement, elle s'approcha de la fenêtre et jeta un coup d'oeil au ciel où la lune s'entourait d'un halo de brume. Elle était déjà là, cette lune qui se riait d'elle. Il lui semblait que le monde entier se moquait de son malheur.
Il était tard, mais les autres étaient au dîner. Elle n'était pas descendue ; elle n'avait pas faim. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne se montrait plus aux cours, sans raison apparente. Elle déambulait, elle errait dans le château. Elle n'arrivait plus à penser.

Abrutie de fatigue et de chagrin, elle dégaina lentement sa dague avec un crissement. La lame luit un instant dans les rayons argentés et nocturnes.
Qu'allait-elle faire ? Elle ne savait même plus, ou plutôt elle commençait à comprendre son geste, qu'elle n'avait même pas pensé. Elle voulait arrêter, arrêter de penser, elle ne souhaitait qu'une chose, abréger ses souffrances. Elle n'en pouvait plus. Une lame tomba sur son bras accoudé à la fenêtre. Elle y posa le regard et dans un sursaut sanglotant, la pointe de son arme. Elle entailla délicatement le poignet, et s'apprêta à en finir.

Un dernier mot, une dernière pensée. Elle regarda la lune.
"Adieu"
Ce n'était même pas théâtral, c'était tout simplement le murmure de désespoir d'une elfe fatiguée, si fatiguée de vivre sans plus de raison. Elle ramena lentement la lame à elle quand soudain...

La porte s'ouvrit, et des rires l'interrompirent.

Des rires, certes, mais peut-être pas les rires joyeux que l'on aurait pu prédire. Northance entra dans la salle, rouge de colère, la bouche tordue en un rictus. Elle riait, mais était loin de la bonne humeur ; l'entité avait encore fait à sa tête et le ricanement qui s'échappait des lèvres de la jeune combattante tenait plutôt du sarcastique.

" Indispensable ? Hahaha ! Elle est bonne ! Je sais pertinemment que tu voulais seulement montrer encore une fois à quel point tu es puissante. Eh bien, tu l'auras cherché ! Je te laisserai au dortoir, désormais ! Pas question de te donner en spectacle. Et la prochaine fois, je... "

Elle s'interrompit brusquement. En fait, elle cessa complètement de bouger, et même de respirer. Une silhouette, prostrée à la fenêtre. Une elfe. Qu'elle reconnaîtrait à des kilomètres. Së'ril. Qui avait un poignard dangereusement appuyé à son avant-bras.
Soudain, ses problèmes avec l'entité lui apparurent dérisoires. La détresse que Northance pouvait lire dans l'expression de son amie était si profonde, si troublante, qu'à cet instant, elle ne pensait plus à rien d'autre qu'à la sauver. Qu'à la faire sourire de nouveau.
Les iris de la jeune elfe brillaient du feu de la peine, et ses pupilles étaient de la couleur du néant. D'un noir invraisemblable, inégalable. En un bond, la jeune guerrière fut derrière elle et, une fraction de seconde plus tard, elle tenait la dague de Së'ril dans un main et la mettait hors de portée de son amie.

" Së'ril... Qu'est-ce... qu'est-ce que tu faisais ? Non... Së'ril... il ne faut pas... tu... non ! "

Elle bafouillait d'émotion. Elle était arrivée juste à temps. Elle n'aurait pas pu supporter la vue du cadavre de son amie gisant sur le sol du dortoir. Elle en avait déjà assez vu, et cette pensée lui ramena plein de souvenirs en vagues désagréables. Du sang. De la chair sans vie. Des expressions horribles. Des corps, des corps morts à perte de vue... Elle n'aurait pas pu le supporter. Pas pu le supporter.

La respiration de Së était saccadée, oppressée sous le poids du chagrin. Hagarde, vide de pensée, presque sans se rendre compte de c qu'elle avait failli faire, elle tourna vers Northance un regard inexpressif, regarda la dague, puis soudain s'écroula au sol.

En pleurs.

Elle attrapa le bas de la robe de orthance et tira, hurlant des mots incompréhensibles, des cris inarticulés, seulemen empreints de douleur, de haine envers le monde.

Elle pleurait, elle pleurait, sans pouvoir s'arrêter, de toutes les larmes de son corps.

[Edit Lyra : 6 lignes au minimum !]

Les sourcils de North se détendirent, son regard s'adoucit. Et c'est à se moment qu'elle se rendit compte que jamais auparavant elle n'avait éprouvé cela, de la... compassion pour quelqu'un. En tout cas, pas autant qu'elle n'en éprouvait pour Së'ril, à cet instant précis. Elle était, en général, d'un nature qui ne laisse pas de place à la pitié ; pourtant, à ce moment, elle aurait tout fait pour aider la jeune elfe en larmes qui gisait à ses pieds.

" Së'ril... Së'ril... parle-moi. Dis moi ce que tu as. Qu'est-ce qui se passe ? "

Northance avait l'air réellement inquiète, et sa pupille s'humidifiait au rythme des pleurs de son amie. Oh non ! Elle n'allait pas pleurer ! Qu'est-ce qui n'allait pas avec elle ? D'abord, elle est aimable, et ensuite, elle pleure ! Ce n'était vraiment pas son genre de se laisser aller à ce genre de scène lacrymale.

"C'est... c'est... c'est..."

parvint à articuler Së, trop affectée pour s'émouvoir de la gentillesse de son amie, d'habitude plutôt réservée et peu démonstrative.

Elle sanglota un moment, la gorge serrée et coupée de pleurs, incapable de dire quoi que ce soit. Et puis, un mot, presque un murmure, haineux presque et amoureux, sortit de sa bouche pour se jeter sur le parquet.

"Marwon..."

Nouvelle crise de larmes qui dura plusieurs minutes. Et elle finit par réussir à dire :

"Il... Il... il est parti... il ne reviendra pas. Il ne m'a même pas dit au revoir. Il m'a laissée là. Il ne m'a même pas laissé d'adresse. Il m'a laissé là !"

Elle suffocait, s'agrippa et s'accrocha désespérément au bas de la tunique de North, tentant de retenir ses larmes. On n'entendait plus dans le dortoir que sa respiration saccadée et ses gémissements incontrôlés. Puis elle sembla se calmer quelque peu. Elle leva vers Northance des yeux vides et murmura :

"C'est... la première fois que je pense à... une chose aussi affreuse... je n'aurais pas dû... pardonne-moi..."

Puis :

"Merci..."

North s'accroupit aux côtés de son amie, sous le choc. Et c'est alors qu'elle fit une chose incroyable, inimaginable. Elle passa ses bras autour de Së'ril dans une étreinte réconfortante. C'était la première fois qu'elle démontrait son affection. [...]

[Je dois aller prendre mon avion ! Razz

Je terminerai le post plus tard, désolée...]

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