(E.:Mer d'Argent)Réflexions...(PV)

Gaëtan ferma un instant les yeux, interrompant sa marche lente, et inspira profondément. Pas seulement avec les poumons, mais avec tous ses sens, du premier au septième...
Comment ? Il n'y a que cinq sens ? Pas sur Loah, voyons...
L'odeur salée de l'eau et de la mousse humide. Le son des feuilles bruissant dans le vent. Le contact du vent froid sur ses doigts. La saveur de l'air. L'impression de quiétude. Une présence de feu et de terre, mi être-magique mi-être de glaise.
Odorat, ouïe, toucher, goût, prénomition et perception magique.
Ouvrir les yeux pour découvrir la frêle jeune fille rousse fut presque inutile. Mais bien sûr, il est étrange de s'adresser à quelqu'un les yeux clos.
Vue.
" Bonjour."
Ses yeux sombres s'attardèrent un instant sur la trace de suie sur le rocher, mais il n'en fit pas mention. Elle portait un pendentif en forme de soleil autour du cou. Apprentie Mage, donc.
" Gaëtan, nouveau directeur de ta maison. Tu t'appelles comment ?"
Son ton était tranquille, amical. Sans doute pas vraiment celui d'un instructeur...aucune importance. Il y avait bien une chose dans laquelle il n'était pas doué, c'était paraître ce qu'il n'était pas.

Il avançait les yeux fermés. C'aurait été comique pour certains mais la jeune fille ne voyait en cela rien de drôle et terriblement amusant. Nombreux des siens marchaient parfois les yeux fermés. Car quand ils prenaient la vue de chimère, dicerner les relief n'était pas facile et fermer les yeux était parfois beaucoup plus simple. Elle se leva à son approche resserrant son écharpe malgré le vent plutôt chaud. Elle, elle avait froid. Elle le détailla. Il était roux avec des yeux sombre comme deux braises ardentes. Plus il approchait plus ça devenait incompréhensible pour la jeune fille. Etait il vraiment de sa race ? Etait il un rénégat ou descendant de rénégat comme il y en avait eu quelques siècles en arrière ?
Mais cela pouvait aussi signifier qu'il ne savait rien de son origine. Donc qu'il la prendrait pour folle si elle lui demandait de quelle race il était.
Des feuilles mortes tombèrent en tourbillons à leur côté mais personne n'y prit vraiment garde. Il finit pas ouvrir les yeux sur elle et lui parler.
Le nouveau directeur de la Maison de la Lumière, voila qui il était. La jeune fille hocha la tête, d'un mouvement presque imperceptible.
"Tu t'appelles comment ?"
Sa main rejoignit le pendentif en forme de soleil. Signe de sa maison.
Pouvait il savoir qu'elle était mi chimère mi humaine ?
Les lèvres fines de la jeune enfant chimère s'entrouvrirent. Une voix basse presque un chuchotement timide. Elle baissa les yeux.
"Bonjour. Je.. Je m'appelle Séphrénia."

"Et moi, je suis Lénore."

Sourire. Teinté d'amertume. Comme un bonbon amer.
Il fallait lui pardonner. Elle était triste. Ca se voyait. Non que la venue de Gaëtan lui déplut, c'était plutôt le départ de Meridell qui la laissait ainsi.
Une espèce de grimace pour se faire pardonner. A mi-chemin entre le rire et les larmes. Deux extrêmes réunis sur un visage. Deux extrêmes qu'elle n'arrivait à atteindre, et qui la faisait souffrir.
Le temps guérit les blessures...
Combien de temps faudrait-il attendre? Une semaine? Un mois? Ou encore plus...?
La jeune fille secoua la tête. Non, elle n'était pas sûre de vouloir guérir. Pas sûre d'oublier à quel point elle avait été heureuse avec Meridell et Lillith.
Avait été... C'était donc du passé, c'était donc révolu?
Sourire qui s'évaporait. Allait rejoindre le bonheur perdu. Qui pouvait être retrouvé.
Tout dépendait du jeune homme devant elle. Et de Lyra. En étaient-ils seulement conscients? Mais elle n'était pas sûre que le sourire d'une élève fut un motf assez valable pour se dépasser...
Soupir. C'était ainsi. Pouvait-elle changer quelque chose aux grandes forces qui régissaient ce monde? Non, elle ne faisait que les subir.
Le mieux était donc de les prendre comme elles venaient. Avec le sourire...

Lèvres qui s'écartaient, timidement. La peur de trahir le passé. Yeux remplis de larmes, brillant d'une demande. Une promesse demandée, qu'elle suppliait de tenir.
Mais l'avenir ne lui appartenait pas...

[Je fais peut etre un gaffe mais le sujet et privé Lénore.]

[ En effet...mais si çà ne gêne pas Séphrénia, moi je n'ai rien contre que Lénore participe ^^ ]

[pas grave ^^ ]

Séphrénia pâlit rougit pour re pâlir encore, tirant maintenant sur le livide. D'où venait la jeune nymphe ? L'avait elle vue sous sa forme de chimère ?
Le coeur de la jeune fille battait la chamade. Mais elle se reprocha aussitôt son égoïsme. Lénore avait d'autres chats à foutter. Elle connaissait Meridell depuis un long moment et ne jugeait pas d'un bon oeil ce nouvel arrivant qui allait prendre la place de la directrice.
Lénore semblait affligée.
Mais Séphrénia ne comprenait pas cette réelle tristesse. Meridell était lasse, triste, détruite par la mort de sa soeur. On ne pouvait l'obliger à rester. Ce serait être cruel envers elle.
De cela, du fait qu'elle parte, puisse se reposer pour reprendre le chemin de la vie, Séphrénia n'était pas triste du départ de Meridell. Manifestement, elle était la seule à penser ainsi. Pour elle, la Mort, la Vie... Tout est question de moment... et de voyage...
Qu'importe d'être ou non matériel auprès de ceux qu'on aime... Tant qu'on est là... plus rien d'autre ne compte...
La tristesse, la souffrance ambiante ... que de larmes... Séphrénia ne pouvait se résoudre à pleurer... Elle ne voyait pas le but des larmes...
Elle regarda Gaëtan, dérivant par la vue chimère. Oui, plus de doute. Il avait du sang chimère. Le savait il ? Il semblait moins contrarié que les autres du départ de Meridell.
Elle ne pouvait lui poser la question en présence de Lénore. Et ce n'était pas le moment.
La jeune enfant chimère leva la tête vers Lénore dont elle détailla le visage.
Dire que tous étaient comme elle... dans la même tristesse....

[Mince,re-voilà la gaffeuse professionnelle! XD]

Des pleurs, dont elle avait honte. Mais n'était-ce pas naturel de pleurer lorsuqe l'on a de la douleur? Et de la douleur, elle en avait...
Pourquoi se préoccupper de l'avis des autres? Elle était triste, elle pleurait. Equation simpliste, résolue. Réaction qui lui semblait naturelle. Et elle était triste. Donc elle pleurait...
Si ce n'était pas le cas de la jeune fille en face d'elle, tant mieux pour elle. Elle évitait bien des tourments. Mais malheureusement, ce n'était son cas, à elle.
Elle passait pour faible. Elle en avait conscience. Elle s'en fichait. Elle ne savait plus.
Tout moyen pour apaiser la douleur qui avait pris possession de son être était le bienvenue. Les larmes ne la calmaient pas, mais la faisaient oublier. Alors, faute de mieux, elle pleurait.
Qui étaient-ils pour la juger?
Elle connaissait Séphrénia, qui lui avait paru différente. Elle s'était abstenue du moindre jugement pour sa différence, alors pourquoi la jeune fille ne faisait pas de même pour elle? Ne fallait-il pas être uni dans la peine? Mais en avait-elle seulement...?
Elle aurait voulu avoir... son détachement face aux choses. Observer aussi tranquillement une chose telle que la mort était peu commun. Alors, si elle voulait bien l'excuser de ne pas être originale...
Et lui, le jeune homme qu'elle venait de croiser. Au reste, elle l'avait déjà aperçu dans la Grande Salle, soutenant Meridell. N'en avait-il pas, de la peine?
Non, leurs yeux étaient secs. Et ils la contemplaient. La jaugeaient. Elle était mal à l'aise.
Détournant le regard, elle ler demanda d'une voix brisée:

"Je vous dérange? Si c'est le cas, dites-le surtout..."

" Non. Excuse-moi de t'avoir fixée mais..."
Gaëtan hésita. Il avait senti le regard triste de la jeune elfe sur la "désinvolture" qu'il affichait, et sur le détachement de Séphrénia. Peut-être parraitrait-il puéril, à se justifier, mais elle souffrait...
Lui aussi. Lui aussi avait...avait eu un fort attachement aux deux jumelles, bien qu'il soit plus proche de Meridell. Le deuil de Lillyth se manifestait par phases, et en ce moment précis, il n'était pas violent mais une douleur profonde et sourde, régulière, qu'il observait avec mélancolie mais ne l'empêchait pas de sourire.
Quand à l'absence de Meri...
" Tu n'es pas seule à souffrir...Lénore."( il avait étudié attentivement les noms et les visages des élèves le soir précédent, lorsque le sommeil avait refusé de venir )." Je sais que je dois paraître insensible à me promener l'air de rien..."
Il sourit, un sourire las. Cherchant ses mots avec précaution, mais sans cacher ce qu'il pensait.
" J'ai confiance en Meri. Elle m'a promis, à moi et à Lyra, à vous tous, de revenir, et elle le fera. Je la connais depuis qu'on est en âge de marcher, et elle n'a jamais brisé de promesse...
* Elle aurait peut-être dû, parfois. C'est dur, d'être toujours infaillible.*
...pourtant, je suis triste. Parce que je tenais beaucoup à Lillyth, et que j'ai peur pour Meri, même si le fait de rester ici, là où repose sa jumelle encore tiède ( C'était une image, hein ), représente une souffrance difficile à imaginer.Je suis triste, même si une prise de recul l'aidera à se reconstruire.Mais pas constamment. J'essaye de faire confiance et de garder espoir, de continuer la vie, parce que la dernière chose qu'elle voudrait, ce serait de se rendre malheureux pour elle.
Est-ce que tu veux bien me faire confiance ?"
Une question un peu étrange, comme toutes celles qui sont sincères, en la regardant droit dans les yeux. De la franchise dans ses yeux sombres, de la compassion, un peu de tristesse mais un feu de volonté qui ne s'éteignait jamais.

[ J'ai fait mon playdoyer...verdict, votre honneur ? ^^ ]

Tristesse ! Tristesse ! Souffrance ! Tous ! Tous disaient souffrir ! Tous pleuraient le départ de Meridell ! Tous pleuraient pour la mort de Lyllith... Mais elle ne comprenait pas... elle ne comprenait pas ce lien si fort qui attachait les humains entre eux... Elle ne comprenait pas... Elle ne se sentait pas à l'aise.. pas avec eux.. pas avec ceux qui pleuraient... la mort c'est court... ils devaient repartir... ne pas rester ainsi sans réaction... pleurer...
Les alarmes ne venaient pas à Séphrénia... Viendraient elles jamais ? Elle avait si envie de leur ressembler... de pleurer... de sentir la souffrance qu'ils avaient tous... Mais rien n'éeffleurait son coeur... Trop de morts avait brisé le coeur ... il devait ressembler à une passoire à présent...
Lyllith... elle ne la connaissait pas... Meridell.. un simple sourire, un indication sur sa maison... rien de plus... Pas plus de contact.. Lénore et Gaëtan connaissaient mieux Meridell qu'elle... Gaëtan devait être l'être vivant qui la connaissait le mieux...
Ils souffraient...
devait elle partir, les laisser parler ?
Elle recula d'un pas... Ils ne fesaient pas attention à elle... Enfermés dans leur malheur...
"Le plus dur dans la mort est de mourir dans le coeur de ceux qu'on aime"
Un murmure... Séphrénia pensait à Lyllith...
L'avaient ils entendue ?
Elle recula d'un pas, encore...